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Étienne Liebig, notre docteur en philothéosociopsychosexologie, s’interroge sur le bien-fondé de notre fondement. Ce texte est tiré du second numéro de Zélium, datant de mars 2011.

 

Trop souvent encore, l’homme du XXIe siècle découvre qu’il a une prostate en même temps qu’il apprend qu’il a un cancer de la prostate. Regrettable concomitance des événements qui peut gâcher, chez le socialiste mitterrandien idolâtre des adénocarcinomes vichystes, un toucher rectal amoureux. Certes, il y a quelques plaisirs à se faire fouiller le boîte à suppos par le doigt musclé d’un chirurgien roumain payé au SMIC dans un hôpital de banlieue, mais je le dis tout net, le fait de savoir qu’après l’intime intrusion, on risque de vous annoncer que vous n’en avez plus que pour cinq ans, favorise le stress et handicape la quête naturelle du plaisir socratique. Oui, je sais, Socrate n’a pas eu pour unique activité de se faire casser la rondelle par de l’éphèbe athénien, pourtant, force est de reconnaître qu’il a laissé son nom à cette spécialité, et dorénavant, comme le pâté est pathétique, Socrate est socratique ! Il faut donc, dès le plus jeune âge, mais après que les hormones aient fait leur oeuvre et transformé ce vilain glaireux acnéique en viril militant UMP, enseigner au glandeur post-pubère tout le bonheur qu’il peut tirer de ce petit organe à priori aussi inutile qu’un député de droite, mais qui se révèle, à l’excitation, presque aussi plaisant qu’un ministre des affaires étrangères qui serait tricard en Tunisie.

 

Dieu, car le bougre n’y est pas pour rien, avait terminé son chef d’oeuvre. Disons qu’on était samedi soir. A cette époque, ni la CGT ni le port de Marseille n’existaient, et les mecs bossaient comme des oufs. Dieu, qui n’était pas gêné par les revendications des travailleurs, se dit : « Bon, il est pas mal, le mec… Tiens ! Si je lui ajoutais une prostate ! » Il aurait pu la mettre sur les oreilles, sur le front, sur le ventre, voire sur les couilles, on ne lui en aurait pas voulu ! Non ! Dans sa sagesse proverbiale, il nous a foutu ça dans le fond du cul ! Excusez-moi, mais c’est comme si on planquait un « soufganyot » de Hanoucca dans une décharge sicilienne. Et nous voilà maintenant à devoir nous faire empapaouter le berlingot, pour s’offrir une petite gourmandise qui nous sorte des traditionnelles postures cunnilinguales, dont on se lasse tout aussi naturellement que l’Iranienne se lasse du tchador et Bernard-Henri Lévy des tartes à la crème.

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Alors, me direz-vous, en sortant vos doigts inexpérimentés d’un rectum encore surpris de la soudaine agression matinale : « N’y a-t-il pas d’autres solutions pour connaître un plaisir renouvelé que de se prendre un doigt dans le fion ? » Non ! A moins que vous ne soyez une femme, auquel cas vous bénéficiez de tout un éventail de zones, toutes plus érogènes, érectiles, progestéronées les unes que les autres, et votre ennui pendant l’acte ne peut être dû qu’à la maladresse du petit crapaud qui vous honore ou à l’attentive écoute d’un discours sur la sécurité de Brice Hortefeux. Car, concernant la femme, Dieu, qui avait expérimenté le coup du zob avec Adam, s’est complètement lâché avec sa copine qui ne savait plus où donner de la pomme et du serpent.

 

Résolues à la fouille rectale à but non lucratif, vous vous dites, mesdames : « Pas de problème, amène ton cul Gopalkrishna, on va jouer à la main chaude. » Et là ! Au lieu d’arriver en marche arrière, la boîte à dragées ouverte à tous vents, votre mec fait des manières. Il hésite, il tergiverse, il atermoye, il doute. On dirait un socialiste contraint de voter une loi de gauche… J’y vais ? J’y vais pas ? Vous qui êtes habituées à ne pas vous poser de questions quand Bébert veut donner dans le borgne, restez coites. Et c’est là qu’intervient Nietzsche, qui n’était pas dans le titre de cette rubrique que pour séduire nos lecteurs ayant eu le baccalauréat avec mention. En effet, Nietzsche, qui n’était pas la moitié d’un con, avait une haute idée du surhomme, et même s’il ne dédaignait pas se prendre une giclette de temps et temps dans le rond de serviette par son ami Rohde, définissait clairement les rôles sexués des partenaires bien portants d’une Allemagne victorieuse. Bien des hommes d’aujourd’hui n’ont toujours pas encore dépassé la symbolique de la virilité pénétrante, et considèrent que se faire titiller le dargif par un doigt, fut-il féminin, fait singulièrement tarlouze et intente à leur puissance sexuelle. Les cons !

 

Étienne Liebig

Zélium n°2, mars 2011