Hier à huit heures du matin, Maurice « Bob » Siné est mort. C’est pour la rédaction de Zélium, comme pour tant d’autres, un très rude coup. Peut être ne le savez-vous pas, chers lecteurs, mais de très nombreux membres de l’équipage du zeppelin ont eu l’honneur et la joie de faire leurs classes à Siné Hebdo. Et je puis vous affirmer que nous avions tous, sans exception, une immense tendresse pour Bob, qu’il était pour nous comme une sorte de vieil oncle trash, qui dynamitait avec délectation les réunions de familles. Peu importe que Bob n’ait pas aimé Zélium, qu’il ne se soit pas gêné pour dire tout le mal qu’il en pensait. D’abord parce que c’était son droit le plus absolu. Et surtout parce qu’on lui doit tous bien trop pour s’en formaliser.

Bien sûr, ce n’était pas un perdreau de l’année. Au vu de son hygiène de vie assez singulière, qui consistait principalement à noyer des quintaux de cochonnailles sous des hectolitres de Morgon, on savait bien qu’il ne serait pas éternel. Mais il avait une telle rage de vivre, il était animé d’une telle passion pour son journal qu’on avait fini par s’auto-convaincre qu’il nous enterrerait tous.

C’était oublier sa propension à aller toujours contre le vent, à prendre le contre-pied de l’opinion générale. Par principe. Par amour de la liberté. Celle de chier sur son voisin en particulier. Il nous a eus, encore une fois. Mais cette fois, pardonne-nous Bob, ta blague ne nous a vraiment pas fait rire.

Nous voilà donc tous orphelins du vieux. Fait chier. Mais pas question de chouiner comme des Philippe Val, qui ne devrait plus trop tarder à s’épancher sur les ondes pour dire combien il aimait Siné. Et que s’il l’avait viré, insulté et traîné dans la boue, c’était pour son bien. Il y a des gens pour qui la décence est une terre inconnue.

Pour ce qui nous concerne, on va plutôt essayer de lui dire au revoir comme il aurait voulu qu’on le fasse : en buvant des coups. A sa santé. Et dans les colonnes du journal, en perpétuant cet esprit de liberté et cette haine féroce de la hiérarchie. Peut être apposerons-nous, comme il l’avait fait dans son pavillon qui nous servait de bureau aux débuts de Siné Hebdo, une plaque dorée estampillée « Direction » sur la porte des chiottes.

En attendant, nous avons décidé de reporter quelque peu le bouclage du numéro en cours de Zélium afin de lui clamer notre amour. Salut à toi, Bob, on t’aime, où que tu sois. Tu ne peux décemment pas être au paradis, il est donc probable qu’à l’heure actuelle, tu sois en train de foutre la zone en enfer. Ils doivent en chier là-dessous. Qu’ils te renvoient ici, il reste du Morgon.

Zélium

PS – Billet mis à jour avec les dessins des contributeurs du journal… (cf plus bas)

sine-hebdo-861– Quatrième de couverture du dernier numéro de Siné Hebdo en avril 2010 –

Dans le désordre : dessins de Gab, Rodho, Caza, Kap, Sondron, Flavien, Troud, Sergio, Slobo, Lerouge…

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